Histoire de la ville

Les origines

Munster s’est progressivement constituée autour du monastère fondé à la confluence des deux Fecht sous Childéric II vers 660 par des moines disciples du pape Saint-Grégoire le Grand. Cet établissement qui est à l’origine de l’abbaye bénédictine est tout d’abord dénommé Monasteriolo Confluentis en 673, d’où Munster tire son nom.

Dans une charte datée du 4 mars 673, le roi Childéric II confirme au duc Adalric et au comte Robert qu’il a donné à l’abbé Valedius et au monastère des terres et des biens situés en plaine à Ohnenheim et Muntzenheim.
En 747, le monastère porte le nom de Monasterio Sancti Gregorii, ancienne dénomination de Val Saint-Grégoire pour la vallée. Par la suite, les villages qui s’installèrent à proximité formèrent avec la ville « La Communauté du Val St. Grégoire », qui persista jusqu’à la Révolution.

Le roi de Germanie, Otton I le Grand restaure l’empire de Charlemagne et fondé en 962 le Saint Empire Romain Germanique dont Munster fera partie jusqu’au XVII siècle. Munster est ruiné par un incendie le 4 mai 1182.

La ville et la communauté de Munster

En 1235, l’abbé remet ses droits de juridiction à l’empereur Frédéric II de Hohenstaufen, qui va transmettre ces droits aux habitants de la vallée. Munster devient ville impériale avec immédiateté d’Empire.
1287 est l’année de la confirmation de l’existence de la Communauté du Val St Grégoire qui comporte Munster et les neuf communes de la vallée. La communauté dispose à présent de son sceau « S. Communitatis Vallis Sancti Gregorii ». Au plus tard en 1287, la Ville de Munster est entourée de remparts, de tours et de portes fortifiées. Une forêt nommée Hag ou Haag, qui barre la vallée entre Gunsbach-Griesbach et Munster, avec le mur et fossé, protège cette dernière contre les agressions extérieures.

Le traité de Marquart signé entre la ville et l’abbaye en 1339 énumère dans les détails tous les droits de l’abbé et par conséquent toutes les servitudes auxquelles étaient assujettis les habitants du Val Saint-Grégoire.
En 1349, la peste bubonique ravagea la moitié de la population de la vallée.

Selon l’acte de fondation du roi Charles IV le 28 août 1354 fut créée la ligue des dix villes libres d’Alsace comprenant Munster, la Décapole, qui engage ces villes à se porter assistance en cas de conflits.
La moitié de la ville est détruite par un incendie en 1466.

La Réforme

(Hans Matter)

Entre 1543 et 1559 les trois quarts des habitants de la vallée passent à la Réforme luthérienne. L’Hôtel de ville est construit en 1550.

Un traité est signé à Kientzheim le 19 mars 1575 entre l’administrateur du monastère et les représentants de la Communauté du Val et de la Ville de Munster, sous l’arbitrage de Lazare de Schwendi.

Les termes de ce traité, dit « Traité de Kientzheim », reconnaissent la liberté de confession (protestante) des habitants de la vallée, l’abbaye bénédictine s’engage à payer le pasteur de Munster.
Les malheurs de la guerre de Trente Ans (1618-1648) font irruption dans la vallée en 1628. Brutalités guerrières, famine, maladies et l’insécurité permanente sont les lots quotidiens de la population. Les Suédois s’installent dans la vallée en 1632 et y commettent des exactions. Les Français font leur apparition en 1635.

Le rattachement à la France

En 1648, la vallée est totalement dévastée et l’abbaye est en ruines ; la ville passe progressivement sous la souveraineté de la couronne française. Des régiments lorrains sèment encore la désolation dans la vallée de Munster en 1652.

Le XVIII siècle est marqué par de graves conflits entre les Munstériens et l’autorité royale. La nomination, en 1736, d’un préteur royal, qui a tout pouvoir et qui peut s’opposer aux décisions du Conseil de la Communauté occasionne des remous dans la vallée.

La Révolution française

Après la révolution de 1789, qui a vu le siège de l’Hôtel de Ville, les dix communes indivises furent érigées en communes distinctes, ayant chacune son maire et son conseil municipal, avec le maire de Munster comme président. Mais les biens communaux, qui formaient le patrimoine commun, restèrent indivis. Cette organisation exceptionnelle et unique dans son genre, rappelant la constitution d’une république fédérale, a duré jusqu’en 1847.
L’abbaye ferme ses portes en 1791 et est ensuite vendue comme bien national. Munster devient chef-lieu de canton en 1793.

Le développement industriel et démographique

Le XIX siècle est celui de l’industrialisation, de la modernisation et de l’ouverture de la vallée vers l’extérieur, sous l’initiative, notamment, de la famille Hartmann, industriels, mécènes et hommes politiques.
Suite aux défaites de Napoléon I, la vallée connaît deux occupations, en 1814 celle des troupes bavaroises, en 1815 celle des troupes autrichiennes et badoises.

L’aspect de la ville va profondément se transformer au cours du XIX avec la construction d’usines, de voies de circulation (y compris le chemin de fer), d’équipements publics (écoles, hôpital…) et de cités ouvrières.

Les manufactures Hartmann emploient 90 % de la main d’œuvre textile de la vallée et occupent 3.144 employés en 1841. La famille Hartmann paie pour ses établissements la plus forte patente du Haut Rhin, fait les plus gros bénéfices et le plus gros chiffre d’affaires du département.

Les guerres de 1870, 1914-1918, 1939-1945

Lors de la guerre franco-prussienne de 1870/1871, il n’y a aucune opération militaire dans la vallée, mis à part quelques combats entre troupes allemandes et francs-tireurs de la vallée. Le traité de Francfort du 10 mai 1871 scelle l’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine au nouvel Empire allemand. Munster devient ville frontière.
En 1905, la vallée compte 23 500 habitants dont 6 000 à Munster (3 810 en 1921) et 1907 voit l’inauguration du tramway électrique Munster-Schlucht, qui est à crémaillère entre la Saegmatt et l’hôtel de l’Altenberg. C’était le plus haut chemin de fer de l’empire allemand. Il cesse de fonctionner le 3 septembre 1914.

La Première Guerre mondiale représente une rupture dans l’histoire de la ville et de la vallée (à l’exception de Mittlach). A partir de février 1915, Munster est bombardée quotidiennement et les batailles meurtrières se succèdent (mars-avril, combats au Reichackerkopf ; 15 – 22 juin, bataille de Metzeral ; 20 juillet – 15 octobre 1915, bataille du Linge. Au terme de la guerre, la ville est détruite à 85 %. Dès le lendemain de l’armistice de 1918, la reconstruction est entamée.

Une grande exposition artisanale et commerciale à Munster marque la fin de la reconstruction et le début d’une nouvelle époque. Mais, durant la crise économique, la vallée est touchée de plein fouet par le chômage entre 1931 et 1939.

L’armée allemande occupe Munster le 18 juin 1940. L’occupation entraîne un cortège de malheurs et de répressions, avec l’incorporation de force des alsaciens en août 1942.
Après d’âpres combats pour la prise du Hohneck en décembre 1944, la ville sera libérée le 5 février 1945.

Munster aujourd’hui

En 1976, les communes du canton se regroupent sous la forme d’un Syndicat Intercommunal à Vocations Multiples, vingt ans plus tard elles décident de créer une nouvelle structure de coopération intercommunale : la Communauté de Communes de la Vallée de Munster. La première présidence du conseil communautaire a été assurée par le maire de Munster.