Exposition "Le Tramway Munster-Schlucht" (16-17 septembre 2017)

Présentation

Inaugurée le 13 mai 1907, la ligne de tramway électrique « Munster-Schlucht », « Münster-Schlucht-Bahn », reliait la gare de Munster au col de la Schlucht, frontière entre l’Empire et la France. Victime de la Première Guerre mondiale, elle ne fonctionna que sept ans !

Mise en circulation quelques années après la prolongation de la ligne française de Gérardmer à Retournemer en direction du Hohneck, la ligne alsacienne contribua elle aussi au développement du tourisme au col de la Schlucht. Poste frontière hautement symbolique, les voyageurs allemands et français s’y côtoyaient pacifiquement et pouvaient contempler, d’un côté, les Vosges françaises et de l’autre, les provinces perdues en 1871. Il a été le seul col-frontière comportant deux poteaux frontières en fonte du côté allemand. L’un se trouve aujourd’hui au Mémorial du Linge, le second au musée historique des armées aux Invalides, à Paris.

Le départ de la ligne se faisait en face de la gare de Munster, desservie par la voie ferrée Colmar-Munster, inaugurée en 1868, puis prolongée jusqu’à Metzeral en 1893. De Munster à la Schlucht, il fallait compter une heure de voyage. Les arrêts étaient nombreux : Hohrod, Stosswihr, Ampfersbach, Rosselwasen, Schmelzwasen, Saegmatt et Altenberg. Le tramway commençait par rouler en ville (gare, rue Frédéric Hartmann, rue du Dr Heid, rue Rapp, rue du 9 Zouaves) puis suivait la route et la quittait à gauche de l’église catholique de Stosswihr-Ampfersbach, jusqu’à la Saegmatt (actuel restaurant des Cascades), dernière station avant la montée. Il empruntait ensuite la crémaillère jusqu’au pied de l’hôtel de luxe Altenberg, construit en 1896 par Alfred Hartmann (1826-1898). De nombreuses personnalités y séjournèrent : le Premier Ministre anglais, le Marquis de Salisbury, la Reine Wilhelmine des Pays-Bas, les fils de l’Empereur Guillaume II, des ministres du Reichsland, Raymond Poincaré, futur Président de la République Française…

 

 

L’originalité de ce tramway résidait dans la combinaison d’une partie à adhérence normale (10,8 km à 17 km/h, entre Munster et la Saegmatt puis entre l’hôtel Altenberg et la Schlucht) et une autre à crémaillère (2,8 km à 7,5 km/h, entre la Saegmatt et l’Altenberg). Les pentes pouvaient accuser jusqu’à 22 % de déclivité !

L’exploitation de la voie fut malheureusement de courte durée. Le 3 août 1914, l’Allemagne déclarait la guerre à la France. Utilisée pour l’évacuation des blessés et le transport des troupes françaises entre le 18 août 1914 et le 3 septembre 1914, l’alimentation électrique de la ligne fut coupée le 3 septembre dans l’après-midi par les troupes allemandes. La guerre signait alors la fin de cette épopée ferroviaire. Après 1918, un projet de reconstruction fut mis à l’étude mais la concurrence de l’autobus empêcha son aboutissement.
Celui qu’on surnommait le « tram des crêtes », transporta en 7 ans près de 410 000 voyageurs vers les sommets vosgiens et s’enorgueillissait d’être la plus haute remontée mécanique à crémaillère du Reich.