Munstériens et habitants de la vallée connus

  • André Lamey (1726-1802)

    L’historien André Lamey est né à Munster en 1726. Il est le fils du tonnelier de la ville. Passionné d’antiquité et d’histoire, il est introduit dans le monde des arts, des lettres et des langues anciennes par le pasteur André Brauer qui est son premier instituteur. Il entreprend ses études universitaires à Strasbourg où il rencontre le grand historien et savant Jean-Daniel Schoepflin. Il devient son élève puis rapidement son collaborateur.

    En 1763, André Lamey est appelé à Mannheim où il est le conseiller intime du Prince et le secrétaire perpétuel de l’Académie de Mannheim.
    Passionné d’archives, il met la main sur un texte qui va jouer un rôle important dans les relations entre la Maison d’Autriche et la Bavière. Ce document va permettre de mettre fin à la guerre de succession déjà entamée. Un traité de paix est signé à Teschen, en Silésie, le 13 mai 1779, réglant ainsi définitivement la question.
    André Lamey, craignant pour sa liberté, l’empereur Joseph II pouvant nourrir quelque ressentiment contre lui, part de Mannheim et se rend dans l’État des Deux-Ponts situé en partie en Alsace. Cela lui permet de revoir Munster, de s’arrêter à Ribeauvillé et Hunawihr. Il retourne à Mannheim quelques années plus tard où il meurt le 7 mars 1802.

  • Johann-Friedrich Lucé (1752-1808)

    Johann-Friedrich Lucé est né en 1752 et mort en 1808 à Munster. Pasteur, il fut également l’un des représentants les plus typiques du groupe des jacobins protestants alsaciens qui eut un rôle considérable pendant la période révolutionnaire.
    Sa famille est d’origine protestante hongroise, établie dans la vallée de Munster à la fin du XVII siècle. On trouve mention de son grand-père comme vicaire à Muhlbach en 1686. Il avait épousé une Anna-Ursula Leckdeig apparentée au célèbre pasteur et prédicateur de Munster, Paul Leckdeig.
    Il fait ses études à l’école du cloître bénédictin de Saint-Grégoire à Munster puis à Montbéliard. Au terme de ses études secondaires, il fréquente le gymnase protestant de Bouxwiller, puis poursuit des études de théologie à Tübingen, grâce à une bourse d’études du prince George, comte de Würtemberg. Ayant terminé ses études à vingt ans, il revient en Alsace. Il entre peu de temps après comme professeur au Gymnase. Il collabore également à l’Académie militaire de Pfeffel dont il devient l’un des proches. En 1774, il est nommé vice-recteur du Gymnase et en 1790, il en prend la direction qu’il assure jusqu’au 27 janvier 1793.
    Il accueille avec enthousiasme la Révolution française et compte parmi les premiers adhérents de la Société des amis de la Constitution créée début 1791. Dès le 27 février, on le trouve comme président de séance de l’assemblée. Il sera l’un des auteurs de l’une des premières traductions de la Marseillaise en allemand. Le 27 janvier 1793, il est élu pasteur à Colmar. A la même époque, il est nommé bibliothécaire du district de Colmar. Il entre également vers 1792 à la municipalité de Colmar. Il reste membre du club des Jacobins jusqu’à sa dissolution le 11 juin 1795. En février 1795, il est de nouveau élu à la municipalité de Colmar et réinstallé comme pasteur à Colmar. Il quitte peu de temps après cette ville pour Munster où il exercera son ministère jusqu’à sa mort, le 27 juillet 1808.
    A Munster, il consacre une partie de son temps à des travaux consacrés au folklore et à l’histoire de l’Alsace.

  • Charles-Georges Bartholdi (1762-1849)

    Homme de sciences, pédagogue et maire-président de Munster (1821-1832), Charles-Georges Bartholdi est né à Oberbronn en 1762 et mort à Munster en 1849. Il effectue ses études à Colmar et à Göttingen et exerce la fonction de pharmacien à Colmar à partir de 1781. Après la Révolution dont il a vigoureusement défendu les idées, il devient professeur de chimie et de physique à l’Ecole centrale du Haut-Rhin puis enseignant au collège de Colmar (1796-1808), s’intéressant plus particulièrement à l’évolution de la hauteur des montagnes grâce au baromètre et à l’analyse chimique des eaux minérales et des minéraux. Sa première étude est consacrée aux eaux de Soulzmatt. Il entretient à partir de cette époque une correspondance régulière avec Bertholet (1748-1822), Chaptal (1756-1832), Foucroi (1755-1809), Guyton de Morveau (1732-1816), Vauquelin (1763-1829), Haüy (1743-1822), Biot (1774-1862) et Herrmann, le célèbre botaniste strasbourgeois. Membre du jury médical du Haut-Rhin et de la commission pour l’introduction des nouveaux poids et mesures, il travaille de 1808 à 1820 comme chimiste tinctorial chez Hartmann à Munster dont il est le maire de 1821 à 1832. Sa mandature se caractérise par ses efforts pour doter la vallée d’un réseau routier en bon état. Défenseur du patrimoine forestier, il a su concilié les intérêts de l’administration des forêts et ceux des propriétaires des pâturages qui tiraient l’essentiel de leurs revenus de l’élevage, élément producteur de l’industrie fromagère. Ancien professeur, il agit également en faveur de l’instruction populaire avec un succès mitigé. Il quitte ses fonctions en 1832 et se consacre encore plusieurs années durant à la géologie avant de mourir à l’âge de 87 ans. Le savoir scientifique de Bartholdi s’est manifesté par de nombreux avis, études et publications.
  • Henri Robert dit « Robi » Wetzel (1897-1955)

    L’artiste Henri Robert Wetzel dit « Robi » est né à Munster le 23 février 1897. Son père, Emile Wetzel, est propriétaire de l’hôtel aux « Armes de Munster ». Ayant terminé ses études secondaires à Munster, Robi fréquente l’école des Arts appliqués de Strasbourg. Il s’y distingue par ses beaux travaux de calligraphie.

    Après la Première Guerre mondiale, il aide son père à remettre en état son hôtel saccagé. Il décore la salle principale d’une frise représentant une farandole de jeunes gens de la région, de marcaires et « Talwiewele ».
    Il crée avec son ami Hans Matter une revue « Min Menschtertàl » qui cesse malheureusement de paraître au bout de 3 numéros à la suite de difficultés financières.
    Robi et son frère Emile décident de quitter Munster pour la capitale. Robi réussit malgré les obstacles à se créer à Paris un atelier et une clientèle assez satisfaisante. Il se marie en 1932.
    Outre ses talents pour le dessin et la peinture, il montre également des dispositions étonnantes pour les petits travaux de bricolage, la « petite mécanique » (jouets) et le piano dont il joue avec talent.
    Il revient régulièrement dans son pays natal. Il meurt soudainement le 28 mars 1955 à Paris.

    Autoportrait (Fonds Ville de Munster)

  • Frédéric Kirschleger (1804-1869)

    Frédéric Kirschleger est un botaniste et médecin alsacien né le 7 janvier 1804 à Munster, dans une maison située à côté de l’église catholique Saint Léger, et mort à Strasbourg le 15 novembre 1869.
    Frédéric Kirschleger est élevé par son oncle Charles Bartholdi (1762-1849), pharmacien à Munster, qui lui donne ses premières notions d’histoire naturelle. En 1823, il s’inscrit à la Faculté de médecine de Strasbourg. Le professeur de botanique de la Faculté et pharmacien-chef des hospices, Chrétien Nestler (1778-1832), le prend avec lui à la pharmacie de l’Hôpital civil. En 1829, il soutient sa thèse de médecine : Essai sur les eaux minérales des Vosges.
    Il s’installe comme médecin à Munster de 1829 à 1834 mais reprend rapidement ses recherches botaniques. Son goût pour la botanique l’amène à quitter Munster pour se fixer définitivement à Strasbourg en 1834.
    Il est nommé professeur de botanique médicale en 1835 à l’Ecole de pharmacie de Strasbourg. Agrégé en 1845, il est reçu docteur ès sciences l’année suivante. De 1852 à 1862, il publie l’œuvre capitale de sa vie : Flore d’Alsace et des contrées limitrophes en 3 volumes. En 1862, il fonde la Société philomathique vogésorhénane qui s’appellera en 1893 Association philomathique d’Alsace et de Lorraine.
    Frédéric Kirschleger meurt à Strasbourg le 15 novembre 1869, au moment où il termine la seconde édition de sa Flore.

    (Fonds Ville de Munster)

  • Mathias Doll (1804-1884)

    Peintre et dessinateur, Mathias Doll est né en 1804 à Munster et mort en 1884. Le père de Mathias Doll vint s’établir à Munster comme maître-graveur dans la maison Hartmann à la fin du 18 siècle.
    Mathias Doll entre comme apprenti dans les ateliers de dessin des Manufactures Hartmann où il se fait remarquer par ses dispositions artistiques. En décembre 1825, il fait son entrée à l’Ecole Royale de Dessin à Lyon où il obtient deux médailles d’argent et une médaille d’or. En 1828, il est admis à l’exposition des artistes de l’école lyonnaise où il présente trois de ses peintures à côté de peintres et sculpteurs déjà réputés.
    De 1828 à 1850, il occupe le poste de dessinateur industriel aux Manufactures Hartmann. Renonçant à son travail, il ne vit plus que pour sa passion artistique. Célibataire misanthrope, il fuyait le monde et n’avait d’autres distractions que son crayon et son pinceau. Il laisse quantité d’esquisses au crayon et d’ébauches de peinture à l’huile d’une perfection et finesse remarquables.

    Peintre et dessinateur, Mathias Doll est né en 1804 à Munster et mort en 1884. Le père de Mathias Doll vint s’établir à Munster comme maître-graveur dans la maison Hartmann à la fin du 18 siècle.
    Mathias Doll entre comme apprenti dans les ateliers de dessin des Manufactures Hartmann où il se fait remarquer par ses dispositions artistiques. En décembre 1825, il fait son entrée à l’Ecole Royale de Dessin à Lyon où il obtient deux médailles d’argent et une médaille d’or. En 1828, il est admis à l’exposition des artistes de l’école lyonnaise où il présente trois de ses peintures à côté de peintres et sculpteurs déjà réputés.
    De 1828 à 1850, il occupe le poste de dessinateur industriel aux Manufactures Hartmann. Renonçant à son travail, il ne vit plus que pour sa passion artistique. Célibataire misanthrope, il fuyait le monde et n’avait d’autres distractions que son crayon et son pinceau. Il laisse quantité d’esquisses au crayon et d’ébauches de peinture à l’huile d’une perfection et finesse remarquables.

     

    (Source : ASSENMACHER-WETZEL M., « Mathias Doll » dans ASHVVM, 1928, p. 77)

  • Jean Bresch (1816-1900)

    Jean Bresch, poète, écrivain munstérien, né le 27 septembre 1816 à Gunsbach. Son père travaille chez les industriels Hartmann à Munster dont les usines sont en pleine expansion. Jean est doué d’une vive curiosité et d’une grande soif de connaissance. A 14 ans, il entre comme apprenti chez les Hartmann dans la fabrique d’indienne. Il découvre son attachement profond aux paysages, aux hommes et à l’histoire de sa vallée. En autodidacte, il lit énormément, s’intéressant à tout, particulièrement à la littérature. Il est parfaitement bilingue. En 1840, Jean Bresch âgé de 24 ans, épouse Catherine Lamey.
    Il publie de nombreux poèmes, collecte les légendes de la vallée de Munster. Il fréquente Henri Lebert et Frédéric Kirschleger.
    En 1858, Jean Bresch s’installe à Mulhouse où il se lie d’amitié avec Auguste Stoeber (1808-1884), fondateur de l’étude des légendes et des arts et traditions populaires d’Alsace.
    Comme beaucoup de poètes de sa génération, il est touché de plein fouet par l’effondrement de la France en 1870-1871 et par l’annexion de l’Alsace au nouvel empire allemand.
    Vers la fin de sa vie, Jean Bresch se retire chez son fils, Jean-Jacques, directeur d’usine à Saint-Amarin. Il meurt le 6 avril 1900, âgé de 84 ans.
    Il laisse un ouvrage de première importance pour l’histoire et la connaissance de la vallée de Munster d’avant la Première Guerre mondiale : La Vallée de Munster et les Vosges centrales : guide du touriste, dont la rédaction s’achève en 1869 mais ne paraît qu’en 1871. Ironie de l’histoire, le livre est publié en français au moment où l’Alsace devient allemande.

     

    (Fonds Ville de Munster)

  • Auguste Emile Schaefer (1825-1878)

    Auguste Emile Schaefer est né à Worms en 1825 et mort à Munster en 1878. Ce talentueux musicien est le fils d’un professeur de musique. En 1847, après une tournée en Hollande, en Angleterre et en France, le jeune et talentueux Auguste Schaefer, alors âgé de 22 ans, se produisit avec sa troupe de musiciens ambulants devant l’usine Hartmann à l’heure de la sortie du personnel. Parmi les spectateurs se trouve Henry Hartmann (1782-1856). Eblouit, celui-ci recrute le jeune chef et lui confie la direction de la vie musicale de Munster.

    Le 14 septembre 1847, la « Musique de la Compagnie des Sapeurs Pompiers de Munster », ancêtre de l’Harmonie Hartmann, voit le jour grâce au soutien moral et financier de la famille Hartmann. A cette époque Henry Hartmann était premier lieutenant du corps des sapeurs pompiers puis, de 1852 à 1870, capitaine et chef de corps.
    La Musique sous la direction de Schaefer, remporte son premier succès, le 2 septembre 1848, à l’occasion du défilé de la Garde Nationale des communes de la vallée. En 1858, elle accueille l’empereur Napoléon III au Col de la Schlucht
    La réputation de la Musique dépasse rapidement les limites de la vallée. En 1863, elle remporte le premier prix ex aequo avec Thann au concours international de chant et de musique de Strasbourg.
    Auguste Schaefer prend également la direction de la Société philarmonique fondée en 1859. Celle-ci comprenait trois sections : chœur pour voix mixtes, chœur pour voix d’hommes et un orchestre.
    Auguste Schaefer décède en 1878 à l’âge de 53 ans. Jules Schaefer succède à son père Auguste à la tête de la Musique qui comprenait alors 44 membres.

    Compositeur de talent, il écrivit de nombreuses œuvres et notamment le fameux morceau « Post im Walde » qui n’a rien à envier au non moins célèbre « Il Silenzio ». En 1858, Auguste Schaefer obtient un premier prix à Paris pour sa cantate « Alsace et France ».
    Il publia également des articles sur les musiques militaires et la fabrication instrumentale en France et en Allemagne particulièrement bien accueillis par la presse musicale de l’époque.

  • Frédéric Eccard (1867-1952)

    Frédéric, François, DavidEccard, est né à Munster le 2 septembre 1867, cet avocat et homme politique luthérien décède à Genève le 21 octobre 1952. Fils de Frédéric Charles Amédée Eccard (1840-1878), propriétaire, et de Marie Elisabeth Steinbrenner (1843-1936), fille du pasteur Jean David Steinbrenner (1810-1881), qui exerça son ministère à Munster de 1848 à 1881. Sa famille, qui compte des ancêtres pasteurs, est liée aux industriels protestants haut-rhinois et très francophiles. Parmi ses ascendants, il y a Johann Carl Eccard (1695-1760), pasteur à Riquewihr durant seize ans, puis pasteur de Munster de 1735 à 1760, qui a succédé à son père Léonhard, pasteur de Munster de 1714 à 1735 après avoir été vicaire (1687) puis pasteur à Muhlbach de 1691 à 1714. L’épouse de Johann Carl Eccard est Maria Agatha Schoepflin (1700-1786), une sœur du célèbre historien alsacien. L’arrière-arrière-grand-père, Daniel Friedrich Eccard (1741-1805) a été vicaire à Gunsbach de 1762 à 1779, puis pasteur à Muhlbach de 1779 à 1805. L’arrière-grand-père Johann Carl Friedrich Eccard ((1773-1844), d’abord officier de santé, devient pasteur à Muhlbach de 1806 à 1844. Le grand-père François Frédéric Eccard († 1858) est docteur en médecine.

    Frédéric Eccard épouse à Asnières le 30 juin 1914 Germaine Duval-Hartmann (1876-1920), une petite-fille d’André Henry Frédéric Jules Hartmann (1820-1881), qui est divorcée de Léopold de Saussure (1866-1925). Veuf, il se remarie à Saint-Gervais le 15 mars 1922 avec Anne Baumgartner (1858-1938), une fille de professeur de théologie à Genève.

    Il fait des études au lycée de Colmar, bachelier en 1885, à la faculté de droit de Strasbourg (1886-1890) et de Paris (1890-1894). Issu d’une famille francophile il demeure toujours tourné vers la France. De 1897 à 1914 il est avocat dans l’un des plus grands cabinets d’affaires du barreau de Strasbourg, où il représente les Chemins de fer de l’Est français et le ministère français des Finances pour la régie des tabacs.

    Sous la domination allemande en Alsace-Lorraine, il lutte constamment pour la cause de la culture française. Il fonde notamment la Société dramatique qui fait connaître aux Alsaciens le théâtre français contemporain et collabore à la Revue alsacienne illustrée. Au moment de la déclaration de guerre de 1914 il est en Angleterre. En décembre 1915, les autorités allemandes le cassent de son titre d’avocat, décision annulée en janvier 1919.

    Durant les hostilités il travailla auprès de plusieurs ministères français. Il fut attaché à la Direction civile pour les questions de séquestre au ministère de la Justice ; membre-expert de la commission des réclamations au ministère des Affaires étrangères ; collaborateur du Service d’Alsace-Lorraine au ministère de la Guerre, où il était membre des sections d’études de législation et d’économie politique. Par son activité, il contribua largement à préparer l’assimilation des provinces reconquises, essentiellement dans les domaines juridique et économique. Il fit de nombreux rapports et études sur les sociétés commerciales, les liquidations et séquestres, le régime foncier, les brevets, les mines de potasse. Il créa, avec la collaboration d’industriels alsaciens, l’Association pour la défense des intérêts français en Alsace-Lorraine, dont il fut secrétaire général. Enfin, il collabora à de nombreux comités d’études sur l’Alsace-Lorraine.

    Après l’armistice, il est chargé, en décembre 1918, de réorganiser, comme président temporaire, le Tribunal régional de Strasbourg. Il démissionne de cette fonction le 1er mai 1919 pour fonder, le 4 mai, le parti démocrate républicain du Bas-Rhin qu’il préside. Le 2 décembre 1919, il devient professeur de droit civil à la faculté de droit de Strasbourg.

    Le 11 janvier 1920, il se présente aux premières élections sénatoriales dans le département du Bas-Rhin recouvré et est élu dès le premier tour de scrutin par 924 voix sur 1.202 votants. Deux jours après, il lit à la tribune du Sénat la déclaration solennelle des sénateurs d’Alsace-Lorraine reprenant leur place dans le Parlement français. Il est réélu le 9 janvier 1927. Son activité parlementaire est importante et, si elle a pour objet essentiel, dans tous les domaines, l’intérêt des trois départements recouvrés, il n’oublie jamais les affaires générales de son pays d’élection. En effet durant une période qui s’étend de 1920 à 1935, il appartient à de nombreuses commissions dont le nombre indique à lui seul sa compétence et sa bonne volonté en toutes matières. Il intervient avec dévouement et compétence à propos des questions telles que la hausse illicite des loyers, les assurances sociales, et sur l’attitude que le gouvernement compte prendre vis-à-vis des actes des autorités allemandes en contradiction avec les accords de Locarno (1927) ; le plan Young (1930) ; le danger de réalisation par les Soviets de leur dumping et de leur plan quinquennal (1931).

    De 1922 à 1940 il est membre du Consistoire Supérieur, vice-président du Directoire de l’Eglise de la Confession d’Augsbourg et membre du Chapitre de St. Thomas, et joue un rôle important dans le protestantisme alsacien en faveur d’un rapprochement avec les réformés de l’intérieur. Mais cette attitude l’éloigne des milieux ruraux sur le double plan politique et religieux, ce qui explique son échec aux élections sénatoriales de 1935, où il se retire avant le deuxième tour, son mandat prenant fin le 13 janvier 1936. Cet échec électoral, s’il l’écarte de la vie parlementaire, ne l’empêche pas de continuer à s’occuper de politique, tant en paroles que par écrits.

    Parallèlement à son mandat sénatorial, il mène d’autres activités. Il est bâtonnier de l’Ordre des avocats de Strasbourg (1921-1922), bâtonnier de l’Ordre des avocats d’Alsace-Lorraine, président de l’Association régionale des avocats des départements du Bas-Rhin, eu Haut-Rhin et de la Moselle. Il devient aussi délégué à l’Union internationale des avocats et en 1931, président de l’Association nationale des avocats. Il joue aussi un rôle important dans le domaine caritatif en tant que vice-président de la Fédération protestante de France et comme président des Oeuvres protestantes françaises de Syrie et du Liban.

    Par ailleurs, il fut délégué par le gouvernement en 1923 comme membre du Consistoire et du Directoire de l’Eglise luthérienne de la confession d’Augsbourg d’Alsace-Lorraine. Dans le domaine caritatif, il fut, jusqu’en 1939, vice-président de la Fédération protestante de France et président des œuvres protestantes françaises en Syrie et au Liban.

    Réfugié durant la Seconde Guerre mondiale au Périgord puis en Algérie, il se retire en 1945 près de Genève. Grand notable protestant, il a toujours privilégié l’ouverture vers la France, notamment par ses longs séjours parisiens, au détriment de la spécificité du luthéranisme alsacien dont il s’est éloigné après 1920. Homme de caractère il se caractérise par son intégrité, sa culture et ses compétences, et sur le tard par sa sérénité.

    Ses publications se situent à l’époque de la Première Guerre mondiale et concernent, dans une orientation francophile très affirmée, la situation de l’Alsace depuis 1870. Le facteur religieux n’y tient qu’une place limitée : L’épreuve alsacienne, Paris 1915 ; Biens et intérêts français en Allemagne et en Alsace-Lorraine pendant la guerre, Paris 1917 ; L’Alsace sous la domination allemande, Paris 1919, un ouvrage qui a conservé une grande valeur historique par la précision, l’ampleur et la sûreté de l’information. Dans les années 1920 il publie plusieurs études portant sur les problèmes juridiques soulevés par le retour de l’Alsace à la France. Il a collaboré à de nombreux journaux et revues. Sur le tard, il a rédigé une autobiographie, Le livre de ma vie, Strasbourg 1951.

    Anecdote
    La première épouse de Frédéric Eccard a quatre enfants du premier mariage, dont Hermine (1901-1984) épouse d’Henri Arnold Seyrig (1895-1973), qui sont les parents de Delphine Seyrig (1932-1990), qui est la tante de Coralie Seyrig épouse de Patrice Chesnais.

     

    www.senat.fr

  • Hans Karl Abel (1876-1951)

    Enseignant, poète, conteur et romancier d’expression essentiellement allemande, mais aussi dialectale Hans Karl Abel est né à Baerenthal en Moselle en 1876 et mort à Muhlbach-sur-Munster en 1951. Il s’établit à Metzeral, au fond de la vallée de Munster, où il fonde un théâtre de verdure pour lequel il écrira des pièces en dialecte. Il fut, sa vie durant, un chantre passionné des Hautes-Vosges. Son œuvre comprend des drames en dialecte, des cycles de poésies en allemand, des romans et récits populaires et une tragédie en plein air : Die silbernen Glocken von Ilienkopf (1913). Après l’armistice, il émigre au Würtemberg. Sa profonde nostalgie de l’Alsace le pousse à revenir en 1941. Il y meurt en 1951.

     

    (Archives famille Apffel Roger, Metzeral)

  • Jeanne Lau (1890-1975)

    Jeanne Lau est née à Munster le 27 avril 1890 et décédée le 1 octobre 1975. Elle a œuvré pour la connaissance et la transmission du patrimoine des arts et traditions populaires de la vallée de Munster. Jeanne Lau s’est efforcée toute sa vie de fixer pour les générations montantes ce qu’elle considérait comme un véritable trésor à garder vivant, sans se replier sur le passé, sur ce qui a disparu irrémédiablement.
    Elle s’est consacrée, en effet, sa vie durant à la description des costumes traditionnels de son pays natal et surtout à ceux des femmes de la vallée, dont elle a pu observer les derniers témoins, entre les deux guerres mondiales. Elle a mis en valeur la fameuse coiffe nommée « Nawelhiwala », ou coiffe à bec, qui est une des grandes originalités du costume munstérien. Elle a bien connu Anne-Marie Bessey, qui fut la dernière femme de la vallée à porter le costume traditionnel des Talwiwala, jusqu’à sa mort survenue au début de 1945.
    Jeanne Lau a également collecté des proverbes, des comptines, des chansons et des légendes, traces de toutes les représentations qui hantent l’imaginaire des habitants. Elle a contribué activement à éveiller l’intérêt de la culture populaire, en publiant de nombreux articles dans la presse locale, dans l’annuaire de la Société d’Histoire de la Ville et de la Vallée de Munster (dont elle a participé à la fondation en 1926) et dans diverses revues régionales.
    En 1937, elle créée un groupe costumé de fillettes, qui est à l’origine du groupe folklorique des marcaires de la vallée de Munster. Elle en sera l’infatigable animatrice pendant de longues années. Quand l’âge de la retraite l’obligera à abandonner son métier d’institutrice, elle continuera à prodiguer ses conseils et aides à tous ceux qui s’adressent à elle, leur permettant d’accéder à sa documentation inédite et précieuse.
    Jeanne Lau est considérée à juste titre comme une des pionnières du mouvement de création des groupes d’arts et traditions populaires d’Alsace. Elle fut vice-présidente de la Fédération des groupes folkloriques d’Alsace et a été décorée des palmes académiques et des médailles de bronze et d’or de la Renaissance française.
    Jeanne Lau fait partie de ces personnages « légendaires » qui ont marqué Munster entre les deux guerres mondiales.

     

    (Ph. : Eugène Henri Cordier, ASHVVM, t. 49 1995)

  • Jean Matter (1894-1955)

    Jean Matter est né à Munster le 23 février 1894 et mort le 12 février 1955. Il est un des historiens les plus importants de la vallée de Munster et d’Alsace. Il est de ceux qui ont inculqué à la vallée de Munster le goût des études et des recherches historiques. Il a marqué de sa forte empreinte la vie intellectuelle de la vallée. Il a participé activement à la fondation de la Société d’Histoire du Val et de la Ville de Munster en décembre 1926 (dont il a été pendant de longues années le secrétaire efficace) ainsi que la publication de ses douze annuaires entre 1927 et 1938.
    Conseiller municipal, il participa également activement à la vie de la commune et sut faire respecter ses conceptions historiques (conservation de la façade médiévale de l’Hôtel de ville, retour du Lion héraldique sur la fontaine). Il fut également le premier conservateur des archives municipales et greffier au tribunal cantonal de Munster.
    Jean Matter s’est passionné pour l’histoire de la vallée de Munster. Il a rédigé de très nombreux articles et études, publiés dans les journaux locaux et dans les Annuaires de la Société d’Histoire de Munster. Ses nombreux articles, communications scientifiques, enregistrements radiophoniques, travaux d’ensemble ont mis en lumière bien des aspects ignorés de l’histoire locale. Il a également tenu d’innombrables conférences.
    Il meurt avant d’avoir pu écrire cette histoire du Val et de la Ville de Munster qu’il semblait prédestiné à écrire et pour laquelle il avait amassé études et documents au cours des années écoulées.

    (archives Lileine Koch-Matter)

  • Hans Matter (1895-1963)

    Le dessinateur et poète Hans Matter, né le 29 mars 1895, portait la vallée de Munster dans son cœur. Tout comme son père Fritz Matter, Hans Matter entre, en 1909, dans les « Manufactures Hartmann et Fils » comme dessinateur de modèles sur tissu.
    Le premier conflit mondial va profondément ébranler la vie et l’œuvre naissante de Hans Matter. En 1915, il quitte Munster bombardée pour Colmar puis est envoyé au front russe. En 1917, il revient à Colmar, il parfait sa formation à Krefeld et retourne en 1919 à Munster où il retrouve son travail aux Manufactures Hartmannn.
    A partir de 1923, la tuberculose qu’il a contractée sur le front russe l’oblige à cesser toute acticité professionnelle.
    Luttant contre l’ennui, il remplit ses carnets de croquis et s’attache à transmettre par le dessin ce qu’il avait connu et aimé avant que la guerre ne vienne tout dévaster. Il excelle dans les portraits, ainsi que dans les paysages de la vallée de Munster dont il est un admirateur. Il en fixe l’âme, les traditions et les coutumes.
    En 1926, il participe avec le Dr André Wetzel, à la création de la « Société d’Histoire du Val et de la Ville de Munster » dont il est chargé d’illustrer les annuaires.
    Plusieurs expositions viennent asseoir sa réputation sans cesse grandissante. Nombre de ses dessins sont entrés dans le patrimoine culturel et imaginaire de l’Alsace. Outre son immense œuvre de dessinateur, il est également l’auteur de plusieurs poèmes en dialecte.
    Hans Matter meurt le 23 mars 1963 à Munster. Comme l’a si bien dit le Dr André Wetzel, fondateur de la Société d’Histoire du Val et de la Ville de Munster, lors de son discours sur la tombe de Hans Matter : « s’alte Ménschter war seine eigentliche Heimet » (« le vieux Munster fut son véritable pays natal »).

     

    Autoportrait (source : LESER Gérard, Hans Matter, dessinateur et poète de la vallée de Munster, Do Bentzinger, Colmar, 1999)