La dynastie Hartmann

Les Hartmann ont régné sur la vallée de Munster pendant près d’un siècle et demi. Industriels, mécènes et hommes politiques influents, ils ont transformé en profondeur la vie des habitants, modernisant la ville et désenclavant la vallée et l’ouvrant aux innovations techniques.

 

Voir « Le musée virtuel »

Généalogie de la Famille Hartmann

André Hartmann (1746-1837)

André Hartmann est le fondateur de la dynastie d’industriels à Munster : les Hartmann. Il épouse en 1771, Catherine Waag, ils auront quatre enfants.
André Hartmann arrive à Munster en 1783 et s’associe à l’industriel J.-H. Riegé, puis devient en 1789 seul propriétaire de l’usine d’indiennes du Graben. En 1793, les bâtiments du monastère sont vendus comme biens nationaux et André Hartmann se porte acquéreur de plusieurs parcelles. Il achète en 1795 l’ancienne propriété du préteur royal de Munster, de Barth, chassé par la Révolution. Cette maison se trouvait au début du Parc Albert Schweitzer.
En 1800, les usines d’André Hartmann emploient 1200 ouvriers et produisent 25 000 pièces de tissus par année.
En 1818, il fonde les Manufactures Hartmann et Fils avec ses deux fils : Frédéric et Henry. Auparavant, le nombre d’ouvriers, a augmenté et André Hartmann a acheté une partie du Schlosswald et du Gaschney. La production se développe et se diversifie. La maison Hartmann se fait connaître au niveau national pour la bonne qualité de ses produits ; plusieurs dépôts sont installés en France et à l’étranger.
En 1821, André est nommé chevalier de la Légion d’Honneur. Il se retire de la société en 1826 en laissant la gestion à ses deux fils. En 1837, il décède à l’âge de 91 ans.
André Hartmann a également été Maire-président de la communauté d’habitants du Val et de la Ville de Munster de 1792 à 1795 et de 1799 à 1815.

Frédéric Hartmann-Metzger (1772-1861)

Frédéric Hartmann-Metzger est le fils aîné d’André Hartmann. Pendant les quinze années de la Restauration (1814-1830), il se tient à l’écart des activités politiques et se consacre entièrement à ses usines.
Tenant du libéralisme protestant, il côtoie des personnages politiques célèbres tels que Benjamin Constant et le général Foy.
De 1830 à 1846, il est député du Haut-Rhin. Le roi Louis Philippe le tient en grande estime, écoutant volontiers ses conseils. Ce dernier l’élève au rang de « Pair de France » en 1846.
De 1840 à 1860, Frédéric et son frère Henry (1782-1856) font construire la route de la Schlucht. Frédéric va la prolonger jusqu’au Collet (1842-1860).
En 1859, Frédéric, passionné d’instruction publique, fait don de l’école primaire à la ville de Munster. Il est également l’un des restaurateurs du couvent des Unterlinden à Colmar, futur musée.
Frédéric meurt à l’âge de 89 ans, le 2 mai 1861, entouré de ses neveux et nièces, lui-même n’ayant pas eu d’enfants. Il a été fait Officier de la légion d’honneur.

Jacques Hartmann (1774-1839)

Jacques Hartmann (1774-1839) est le second fils d’André Hartmann (1746-1837). Il est le fondateur de la filature du Hammer en 1818, en partenariat avec Javal Frères et Schlumberger, à l’emplacement d’une ancienne forge à martinet, considéré, jusqu’à sa destruction au cours de la Première Guerre mondiale, comme l’un des plus beaux bâtiments industriels d’Alsace. Il se dépense sans compter pour son entreprise, à tel point qu’il passe beaucoup de ses nuits sur un divan dans son bureau.
Passionné par l’art, Jacques Hartmann invite de grands artistes à venir se produire à Munster. Sa fille Caroline (1807-1834) est l’élève de Chopin et Liszt à Paris. Elle meurt subitement à l’âge de 27 ans au grand désespoir de son père qui en est profondément affecté.
En 1834, Jacques Hartmann est honoré de la médaille d‘or et de la croix de la légion d’honneur, qu’il reçoit à Paris, à l’occasion de l’Exposition des produits de l’industrie nationale.
Jacques Hartmann meurt, usé par le travail, en 1839.

Henry Hartmann (1782-1856)

Henry Hartmann (1782-1856) est le troisième fils d’André Hartmann. Il fait, dès son plus jeune âge, partie de la génération des industriels qui marquent leur temps. Austère et sévère avec lui-même, il est généreux et libéral avec les autres.
En 1814, il est capitaine des lanciers à Breisach, au moment où les Autrichiens envahissent pour la deuxième fois l’Alsace. Énergique et courageux, il est admiré de ses hommes.
En 1821, il intervient à la chambre des députés à Paris, pour que la France rapatrie les cendres de l’empereur Napoléon. En 1831, il est nommé capitaine de la garde nationale à Munster et reste en fonction jusqu’en 1846.
En 1842, il s’associe à son frère aîné Frédéric pour construire la route de la Schlucht. En 1847, il fonde l’Harmonie Hartmann et, en 1848, accepte la responsabilité de sous-commissaire du canton de Munster.
Il meurt à Munster, entouré de ses enfants, le 23 novembre 1856.

Jules Henry Hartmann (1820-1881)

Jules Henry Hartmann, fils d’Henry Hartmann (1782-1856). Il épouse, en 1848, Mlle Blanche Sanson-Davilliers. Admis à l’École centrale des arts et manufactures à Paris, où il passe trois années, il en sort avec un diplôme de chimiste qu’il va mettre à profit à Munster.
Après s’être voué dix années à la fabrique d’indiennes (célèbres dans toute l’Europe), il se consacre ensuite au perfectionnement du blanchiment. Travailleur acharné, il savait être à la fois ferme et bienveillant.

Jacques Félix Frédéric Hartmann (1822-1880)

Jacques Félix Frédéric Hartmann est le second fils d’Henry Hartmann (1782-1856). Il fait de brillantes études de droit à Paris et, après avoir acquis le titre d’avocat, il vient à Munster s’occuper des affaires industrielles de sa famille. En avril 1847, il épouse Mlle Aimée Sanson-Davilliers, dont le souvenir est encore présent dans la mémoire munstérienne.
Il est maire de Munster de 1857 à 1880 et membre du Conseil général du Haut-Rhin. Il est à l’origine des nombreuses transformations qui ont modernisé Munster : construction des écoles maternelles (1866), de la voie ferrée Colmar-Munster (1868), de l’église protestante (1867-1873), édification d’un nouveau quartier autour de la gare (Parc André Hartmann) etc.
Passionné par les problèmes de l’instruction publique, il rédige une brochure sur l’école. En octobre 1873, il procède à la mise en place d’une Realschule inaugurée après sa mort en 1883. En mars 1869, il publie « Le Journal de Colmar » qui devient ensuite « Le Courrier du Haut-Rhin », auquel il collabore activement sous le pseudonyme de Martin Rock.
Battu aux élections législatives de 1869, il est élu en 1871. Il est l’un des députés protestataires à l’Assemblée de Bordeaux en 1871 au moment où l’Alsace-Lorraine est cédée au Reich. Après cela, il se retire de la vie politique malgré de nombreuses sollicitations et se consacre entièrement à ses affaires munstériennes. Il était également un grand amateur d’art et s’est lié d’amitié avec les peintres Théodore Rousseau et Jean-François  Millet, dont il possédait de nombreux tableaux.
Il meurt le 3 juin 1880 à Paris, foudroyé par une crise d’apoplexie.

Alfred Hartmann (1826-1898)

Alfred Hartmann (1826-1898) est né le 26 mai 1826 à Munster. En 1871, il quitte Munster pour ne pas devenir citoyen allemand, mais après la disparition d’Albert Hartmann en 1884, il revient pour gérer les affaires de l’entreprise, conjointement avec Philippe Duval jusqu’en 1888, puis, à partir de 1889, avec son neveu André Hartmann (1865-1950). C’est lui qui est le promoteur et constructeur de l’hôtel Altenberg, situé tout près de la Schlucht et qui a été inauguré en 1896.

Julie Aimée Hartmann (1826-1907)

Mme Julie Aimée Hartmann, épouse de Frédéric Hartmann (1822-1880), née Aimée Sanson-Daviliers. Elle était profondément attachée à toutes les œuvres de son mari et associée instinctivement à ses sentiments de philanthropie pour la classe ouvrière. Prolongeant l’œuvre de son mari, décédé brutalement en 1880, elle préside de longues années durant la Société philarmonique de Munster.
Elle dote Munster d’une quantité d’œuvres utiles, tels que la crèche, les belles cités ouvrières Frédéric-Henri en 1887, la cité ouvrière de la petite vallée, celle du Birken, de la Bleich, de l’Inselhof (1900) construites en commun avec sa sœur Blanche Hartmann. Elle fait édifier vers 1888 une salle de répétition et de concert de l’Harmonie Hartmann, de même qu’une magnifique salle de concert et de théâtre en 1892, réservée aux concerts de la Société philarmonique. Fortement endommagée au cours de la Première Guerre mondiale, cette salle a été arrachée par la suite.

 

Blanche Hartmann (1828-1908)

Mme Blanche Hartmann, épouse de Henry Hartmann (1820-1881), née Sanson-Davilliers. Pendant cinquante ans, elle préside la Société de Charité des Dames. Son nom est associé aux belles cités ouvrières réalisées en commun avec sa sœur Julie-Aimée. En 1903, elle fait construire le dispensaire de Munster.

Albert Hartmann (1851-1884)

Albert Hartmann, fils de Jules Henry Hartmann (1820-1881). Après avoir fait ses études à Paris, s’engage dans les légions d’Alsace- Lorraine en formation à Lyon. Après la paix en 1871, il revient à Munster, mais doit repartir, jugé indésirable par les Allemands.
Il fait de nombreux voyages qui lui permettent de se former aux questions industrielles et commerciales. En 1879, il revient à Munster pour s’initier aux affaires familiales. Mais en l’espace de quelques années, il perd son oncle et son père et se retrouve seul chef d’une des plus puissantes maisons industrielles d’Alsace.
Il projette la construction de maisons ouvrières, fait aménager une salle de lecture pour ses ouvriers et a l’intention d’organiser des cours du soir pour ceux-ci, quand il est emporté par la maladie à l’âge de 33 ans.

André Hartmann (1865-1950)

André Hartmann, fils de Jules Henry Hartmann (1820-1881) et arrière petit-fils du fondateur des manufactures, est le dernier de la lignée munstérienne des Hartmann à Munster.
Au cours de l’année 1872, ses parents optèrent pour la France, mais en 1889, il revint à Munster occuper sa place de chef des usines Hartmann et Fils. Il les géra en commun avec son oncle Alfred Hartmann. Suite au désastre de la Première Guerre mondiale qui vit la destruction de l’ensemble des usines munstériennes, il mit tout en œuvre pour la reconstruction des usines ainsi que des communes sinistrées de la vallée de Munster.
En 1920, il fonda une coopérative de reconstruction de la vallée et devint également président de la coopérative de reconstruction des églises protestantes de la vallée ainsi que président des 55 coopératives de reconstruction du Haut-Rhin.
Il a été maire de la ville de 1925 à 1929 et conseiller général de 1919 à 1934. Il a également occupé la fonction de Président de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Colmar.